L’action des entreprises de l’électronique en matière de lutte contre le travail des enfants dans l’extraction aurifère est insuffisante. Telle est la conclusion d’une enquête réalisée par SOMO et commandée par Stop Child Labour. L’industrie de l’électronique constitue le troisième plus grand consommateur mondial d’or. Seules deux entreprises, la société néerlandaise Fairphone et la multinationale Microsoft participent activement aux initiatives relatives à l’extraction aurifère visant notamment à éliminer le travail des enfants. De même, il n’existe aucune entreprise de l’électronique en mesure de déterminer précisément l’origine de l’or utilisé dans la fabrication de ses produits ou si les mines concernées pratiquent le travail des enfants.
Contraintes par la législation américaine, les entreprises de l’électronique font toutefois des efforts afin d’éviter l’utilisation des minerais provenant d’une zone de conflit dans leurs produits, ce qui illustre la capacité de l’industrie à évoluer. Malheureusement, l’élimination du travail des enfants dans l’exploitation minière ne fait pas encore réellement partie de leurs préoccupations. Seuls Apple, Acer et à nouveau Fairphone disposent de politiques supplémentaires de lutte contre le travail des enfants dépassant les normes du secteur. Le suivi de l’application de ces codes de conduite dans les mines d’or fait toutefois défaut dans la pratique.
Il est frappant de constater que des fabricants de pièces en particulier prennent très peu part à la lutte contre le travail des enfants et que la marque grand public Ericsson présente également une activité limitée à cet égard.
Entreprises néerlandaises
La comparaison des entreprises néerlandaises participant à cette enquête révèle d’importantes différences. Fairphone a manifestement une longueur d’avance à cet égard et il semble que NXP ne fait que suivre le secteur. Philips intervient depuis un certain temps dans ce domaine à travers son initiative « conflict free tin initiative » et vise à promouvoir une exploitation minière plus durable. Philips participe également activement à plusieurs initiatives en ce qui concerne l’extraction aurifère.
Devoir de diligence
Les directives internationales imposent aux entreprises d’agir avec la diligence requise dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. « Cela signifie que les entreprises doivent déterminer l’origine de l’or qu’elles utilisent, l’identité des parties prenantes intervenant dans leur chaîne d’approvisionnement et les risques d’abus. Tout risque et toute violation des droits humains, dont le travail des enfants, doivent ainsi être traités » déclare Sofie Ovaa, responsable de Programme de Stop Child Labour.
La fabrication des téléphones portables ne devrait pas seulement être « libre de tout travail d’enfant », l’extraction et la transformation des ressources utilisées devraient l’être également. Pourtant, aucune entreprise du secteur électronique n’est en mesure de déterminer précisément l’origine de l’or présent dans sa chaîne de production, ni si cet or a été extrait par des enfants. C’est la raison pour laquelle Stop Child Labour appelle les entreprises à s’employer sérieusement à lutter contre le travail des enfants dans leurs chaînes d’approvisionnement. Les consommateurs ont, quant à eux, la possibilité de signer une pétition afin de soutenir cette campagne.
1 million d’enfants travaillent dans l’extraction aurifère
Plus d’un million d’enfants travaillent dans l’extraction aurifère à travers le monde. L’or qu’ils extraient peut très bien se retrouver dans les usines du secteur électronique qui l’utilisent dans la fabrication des téléphones portables, des ordinateurs et d’autres biens de consommation électroniques. « 67,9% des citoyens néerlandais estiment que la fabrication de produits électroniques ayant recours au travail des enfants devrait être interdite, tout comme l’utilisation des ressources extraites et transformées par les enfants. Par ailleurs, au moins la moitié de la population néerlandaise est prête à commencer à dépenser davantage pour l’achat de produits qui ne contiennent pas d’or extrait par les enfants. Stop Child Labour appelle le secteur de l’électronique à entreprendre de réels efforts afin de parvenir à l’extraction équitable de l’or et à œuvrer conjointement à l’élaboration d’une stratégie visant à améliorer la situation », selon Sofie Ovaa.